Figures et lieux emblématiques de la modernisation japonaise ① Moriaki Asakura
Les noms et les lieux qui ont marqué les routes de l’argent et du minerai sont nombreux ; ils ont chacun leur histoire et leur rôle dans la modernisation du Japon. Le premier nom que nous verrons n’est pas celui d’un Français, mais celui d’un Japonais qui s’est impliqué dans la contribution française à la modernisation de la mine d’Ikuno. Il s’agit de Moriaki Asakura.
Moriaki Asakura (朝倉盛明1843 – 1924) est un professeur japonais qui fut envoyé à Ikuno en même temps que Jean-François Coignet, ingénieur français, afin de lui servir d’interprète. Originaire du domaine de Satsuma (situé dans l’actuel département de Kagoshima sur l’île de Kyushu), il a étudié la médecine et a donc tout naturellement fait partie du mouvement des études hollandaises. Son parcours est pour le moins international : d’abord envoyé au Royaume-Uni par son domaine afin d’approfondir ses études en 1865, il s’est ensuite rendu en France l’année suivante afin d’étudier le français et l’ingénierie des mines.
Il rentre alors au Japon l’année suivante en 1867 où il enseigne le français dans le domaine de Satsuma. Alors que la restauration de Meiji débute et que plusieurs centaines d’émissaires étrangers arrivent au Japon, prêts à transmettre leurs savoirs, la barrière linguistique se fait sentir et les gens pouvant parler plusieurs langues comme Asakura sont recherchés : ce dernier est envoyé à Ikuno en 1868 en même temps que Jean-François Coignet afin de lui servir d’interprète. Il avait alors 25 ans.
Moriaki Asakura restera à Ikuno jusqu’en 1893, année où il tombe malade et déménage à Kyoto, où décèdera à l’âge de 81 ans. Durant ses 25 ans à Ikuno, il aura participé et vu s’achever plusieurs projets de modernisation visant à faciliter l’acheminement du minerai et la circulation entre les différents sites : la construction de la route de l’argent (Gin no Bashamichi) sous la direction de Léon Sisley, ingénieur français, la construction des premières versions des ponts Seimei et Ikuno, l’achèvement de la route de l’argent avec la fin de la construction du dock de chargement du port de Shikama…
De par l’importance de son travail et son implication, Asakura sera nommé intendant de la mine d’Ikuno pendant 6 ans, avant de devenir maire du bourg d’Ikuno en 1889. Sa contribution au niveau de la mine fut donc à la fois technique en tant qu’interprète puis intendant, mais aussi humaine puisque les divers projets dans lesquels il s’est impliqué ont contribué au développement local de la commune d’Ikuno.
Il est ainsi peu étonnant de voir qu’il existe encore aujourd’hui un pont à Ikuno qui porte son nom, le pont Seimei 盛明 – qui s’écrit avec les mêmes caractères que son prénom, Moriaki. D’abord appelé pont Morigaya 森ケ屋橋, il a été renommé pont Seimei en l’honneur de M. Asakura lorsqu’il fût intégré à la route de la mine d’argent d’Ikuno (Ikuno Ginzandō, nom donné à la route de l’argent à l’époque). Originellement long de 30 mètres et large de 5 et entièrement en bois, il sera reconstruit 2 fois encore en 1930 et 1999, ces deux fois-ci avec des techniques modernes, afin d’assurer sa pérennité.
Si Moriaki Asakura est un nom important dans l’histoire d’Ikuno, il n’est pas le seul : Takashi Shimura, acteur fétiche du célèbre réalisateur Akira Kurosawa y est en effet né comme son père travaillait à la mine ! Le lieu, aujourd’hui transformé en musée à sa mémoire constitue un véritable voyage dans le temps avec ses objets – électroniques et électroménagers – de l’époque.
Le bâtiment où il se situe fait partie d’un ensemble de logements dont il reste aujourd’hui 4 bâtiments, le reste ayant été détruits, qui servaient de logements aux employés de la mine de l’époque (en japonais甲社宅kōshataku). Les visiter permet de se rendre compte des conditions de vie des gens de l’époque, mais aussi des différences de classes comme nous le verront par la suite avec les résidences des intendants.
Mais avant de voir plus en détails le quotidien des différents employés de la mine lorsqu’elle était encore en exploitation, tournons-nous tout d’abord vers la mine d’Ikuno elle-même, point commun et liaison entre nos fameuses routes de l’argent et du minerai.
Laëtitia a 26 ans et est originaire de Basse-Normandie. Après 3 ans d’études en langue et culture japonaises, puis 2 ans en relations internationales à l’université de Strasbourg, elle a travaillé quelque temps en France avant de venir s’installer au Japon. Elle travaille actuellement sous le programme JET en tant que coordinatrice des relations internationales pour la mairie d’Asago.
Elle aime : manger de bonnes choses, chanter n’importe où et apprendre de nouvelles langues.
Elle n’aime pas : le goya, la négativité et le nattō.